Extrait : Une histoire tune à double détente
Henri décide de se payer une super croisière de luxe en célibataire, paquebot top et tout.
Mais, en plein océan, et en pleine nuit, style Titanic, tu vois le genre, le bateau coule, et Henri se retrouve accroché à un morceau de bois.
Et il se trouve qu’il y a quelqu’un d’autre accroché au même bout de bois.
Au petit jour, ils échouent sur une plage, et Henri découvre que l’autre rescapé du naufrage n’est autre que… tu vas pas me croire, j’t jure sur ta tête, Kim Basinger en personne !
Ils sont seuls sur une île déserte pleine de fruits et de légumes comestibles, et peuplée d’animaux gentils. De plus, le paquebot a déversé plein de choses qui se sont échouées, vaisselle, vêtements, meubles, etc…
La promiscuité aidant, arrive ce qui devait arriver et Henri et Kim finissent par filer le parfait amour.
Quand arrive l’anniversaire d’Henri, Kim lui demande :
« Mon chéri, qu’est-ce que tu veux pour ton anniversaire ? » « Quoi, c’que je veux ? J’veux rien, moi, j’ai déjà tout, Dieu merci. C’que j’ai, moi, les autres, même pas en rêve ils l’ont, je t’ai toi, je t’aime, toi tu m’aimes, on est heureux, nous avons tout ce qu’on veut… mais attends, attends, tu peux peut-être faire quelque chose ! »
« Tout ce que tu veux, mon chéri », dit Kim, en battant amoureusement des cils.
« Voilà, à Paris, j’ai mon pote de Tunis, Sydney, je t’en ai parlé, je l’ai beaucoup langui, alors voilà, déguise-toi en Sydney, tu mets un costume, tu te « gomines » les cheveux avec la raie sur le côté, tu mets des petites lunettes, le style comme il a Sydney quoi, tu montes sur la colline et tu viens vers moi en disant : « Salut Rico, parce que lui il m’appelle toujours Rico, comment çà va, mon frère ? »
Kim fait ce que Henri demande et arrivant vers lui, déguisée, lui demande :
« Salut Rico, comment çà va, mon frère ? »
« Sydney, mon frère, putain d’ta race, où tu étais ?», s’écrie alors Henri, « Tu peux pas savoir comme je suis content de te voir, j’en peux plus, j’étouffe ! Tu te rends compte, çà fait deux mois que je nique Kim Basinger, et j’ai personne à qui le raconter ? »
A noter, au passage, la côte incroyable de Kim Basinger chez les Tunisiens !
Il me revient une histoire dans l’histoire à propos de cette histoire : il y a quelques années, alors que je présidais le chapitre montpelliérain de l’association Alpha Omega – association d’origine juive américaine de dentistes - je fus convié à la Convention Internationale Européenne qui se déroulait au Club Méditerranée de Dieulefit, dans la Drôme.
Lors de la soirée dite de gala, l’ambiance était relativement morose, les confrères américains étant sans doute fatigués par leur long voyage. Toutes les bonnes volontés étant alors sollicitées pour faire spectacle, j’acceptai de venir sur scène pour y raconter l’histoire qui précède. Comme les Américains ne comprenaient pas la langue française, j’eus droit à un interprète.
Imaginez la suite : une histoire tunisienne racontée par un Tune et traduite en anglais par un Français ashkénaze pour des Américains…
La-bo-rieux !
Voulant illustrer au mieux l’histoire, je crus bon de prendre pour représenter le personnage principal, le naufragé, un éminent membre du bureau Alpha Omega de Montpellier, ayant largement dépassé l’âge de la retraite, et dont la silhouette généreusement replète évoque plus celle de Danny de Vito que celle de… Robert Redford !
Quand l’histoire fut terminée, et en principe… dûment traduite, je n’obtins comme résultat qu’un long silence interloqué.
Le lendemain, certaines épouses de nos confrères américains vinrent en délégation dire, d’un air compatissant, à la femme du confrère qui avait, à son corps défendant, joué le « rôle » du naufragé dans mon histoire, qu’elles l’assuraient de leur féminin et féministe soutien, ajoutant le plus sérieusement du monde :
« Vous savez, ce n’est vraiment pas bien du tout, ce qu’a fait votre mari avec Kim Basinger, vraiment pas bien ! Vous n’auriez pas dû accepter ça ! ».