Extrait : Le symbolisme de la panthère noire
La panthère noire est différente de ses congénères que Dame Nature a fort obligeamment parées d’une robe tachetée couleur de sous-bois. Cette tenue de camouflage reprise, dans la forme et dans l’esprit, par nombre de troupes de combat, lui sert à se dissimuler afin de pouvoir attaquer par surprise.
Grâce à son pelage, la panthère normale, tachetée, peut se mettre à l’affût en toute sérénité et chasser de manière efficace.
La panthère noire, quant à elle, est le résultat d’une mutation mélanique : elle est albinos.
A cause de sa couleur, peu répandue dans la nature, elle ne peut se camoufler, et doit, pour chasser, déployer des trésors de ruse et de rapidité.
De plus, n’étant pas... conforme à la norme, ses rapports sociaux avec les panthères tachetées ne s’avèrent pas de tout repos !
Dans les ouvrages de zoologie, il est fréquent de lire que la panthère noire est plus sournoise et plus cruelle que la panthère tachetée…
Nos doctes savants préjugent ainsi du comportement pernicieux de celui qui est… différent.
La panthère noire n’hérite pas génétiquement de facultés de discernement supérieures à celles de la panthère tachetée.
Mais l’affûtage de certaines facultés est pour la panthère albinos une nécessité vitale, en raison de sa couleur noire.
Le sens aigu de la survie a constitué, et constitue encore, la composante essentielle de ces albinos de l’espèce humaine qu’il est convenu d’appeler le peuple juif.
Cependant, à l’instar des poupées gigognes, un phénomène de mutation peut se produire à l’intérieur de ce groupe, donnant lieu à la naissance de… Juifs non conformes à la norme, les Juifs albinos !
Etre albinos pour un Juif, c’est ne vouloir être ni un Juif intégriste, ni un Juif orthodoxe, ni un Juif religieux, ni un Juif libéral, ni un Juif agnostique ou athée, ni même un Juif laïque, c’est se vouloir à part entière - et non entièrement à part - un membre de l’Humanité, un Homme Libre, en somme un Homme, tout simplement.
Etre albinos pour un Juif c’est, au nom du respect de la nature humaine et de son prochain, ne vouloir s’affirmer ni fier, ni honteux d’être juif.
Etre albinos pour un Juif, c’est ne revendiquer son identité juive que si on la lui dénie. C’est aussi la défendre, jusqu’au bout de ses forces et au péril de sa vie, si la haine vient s’ajouter au déni !
Nous héritons tous sur terre d’un certain nombre de traditions et de racines.
S’intéresser à ses traditions ? Oui, mais attention : toutes les traditions ne sont pas respectables, uniquement parce qu’elles sont des traditions…
S’intéresser à ses racines, les étudier ? Oui, mais attention : vouloir spécifiquement s’y attacher, s’y aggriper même, revient à exclure l’autre, pourtant notre frère.
L’arbre doit rester solidaire de ses racines fixées dans le sol. De ce fait, il est immobile.
L’homme, lui, est fait pour le mouvement.
L’arbre n’a pas de cerveau.
L’homme en a un, capable de s’ouvrir sur toutes les traditions, sur toutes les racines, sur toute la mémoire de l’humanité, et aussi sur toutes les conceptions nouvelles, sur le progrès.
La richesse de l’homme réside en sa mobilité intellectuelle et physique.
L’homme a le pouvoir de cheminer tout au long de son existence, d’aller partout où le vent le porte, sur la terre, sur la mer et dans les airs.
Tout au fond de sa poche, l’homme se doit de conserver ses racines. Mais celles-ci ne sauraient en aucun cas se substituer à l’oriflamme de l’Humanisme Universel qu’il devra se targuer de brandir en toutes circonstances.
« L’homme, » disait Thomas Hobbes, « est un loup pour l’homme »… « et réciproquement. », a-t-il omis d’ajouter !
Depuis la nuit des temps, le loup représente pour l’homme le symbole de la Cruauté.
Quant au pigeon blanc, poétiquement appelé colombe, il est universellement reconnu pour être le symbole de la Paix.
Or, les pigeons se comportent entre eux avec la plus grande cruauté, éliminant les plus faibles, se battant à plusieurs contre un, allant jusqu’à s’entre-tuer pour défendre leur territoire ou leur pitance.
Quand le loup doit se battre pour une femelle, pour un territoire ou pour être le chef du clan, il ne met jamais à mort son adversaire.
Le duel atteint son terme quand le battu, rarement blessé de manière sérieuse, accepte de s’en aller, tête basse en signe de soumission.
Le loup a donc en société une attitude basée sur un rituel comportant des règles de respect mutuel, ce qui n’est pas du tout le cas du pigeon.
L’homme a, par le détour d’un curieux paradoxe, attribué symboliquement la noblesse à la colombe, devenu symbole de paix, et la vilenie au loup, devenu symbole de cruauté.
Mais connaissant l’homme… comme vous et moi le connaissons, cet apparent paradoxe n’est-il réellement que le fruit du hasard ?